Ninou Chat-Chocolat

Tu es arrivé à la fin de l'été, le soleil s’apprêtait à partir mais pas Toi. J'avais tout juste 20 ans et dans quelques semaines, j'allais m'installer dans mon nouvel appartement pour la rentrée, seule, pour la première fois. Je crois que tu as senti que ça me faisait un peu peur finalement, alors tu t'es dit que tu allais m'accompagner pour m'aider un peu.

Ninou Chat-Chocolat

Je t'ai rêvé tellement de fois les derniers mois que d'un seul coup tu es apparu, sortant de nul part. C'est "la gracieuse" qui t'avais apporté chez nous, chez les parents, pour que je te trouve. La gracieuse c'est la chatte de la voisine et c'était la deuxième fois qu'elle nous faisait ce cadeau, mais la première fois, on avait pas compris. Elle est aussi belle qu'elle est grognette, il faut toujours qu'elle se mette à ronchonner pour rien. Elle essayait de squatter la maison depuis plusieurs années mais Papa ne voulait pas, parce qu'il y a déjà Zouzouile, Maître-Chat à la maison et "qu'elle n'est pas à nous".

Ninou Chat-Chocolat

La première fois que je t'ai vu, je crois que j'ai failli pleurer tellement tu étais beau. C'est ridicule je sais ! La gracieuse m'a laissé te prendre, gentiment pour une fois. Tu tenais dans ma main et dieu sait que ma main est minuscule. Tu étais tout en tas, un peu perplexe par le fait que l'on t'ai soulevé du sol. Je crois que jusque là, j'avais rarement toucher quelque chose d'aussi doux. T'étais loufoque avec tes yeux écarquillés comme un petit hibou désorienté. Ils étaient ronds et bleu, si bleu. Tes tâches de chocolat sur le nez, les oreilles, les pâtes et la queue n'étaient pas encore très marqués…

Ninou Chat-Chocolat

C'était décidé Ninou, quoi qu'en penses Monsieur C. de l'époque, qui n'était pas trop chaud pour partager son temps près de moi avec un petit félin mignon, tu allais vivre avec moi ! J'ai bien pris soin de toi, tu as eu tes petits vermifuges, ta petite de visite de contrôle chez le vétérinaire. On t'a coupé les coucougnettes aussi (bon, c'est pas cool j'avoue mais c'était pour ton bien, notre bien). Tu avais ton petit arbre à chat, chocolat comme toi, sur lequel tu grimpais fièrement, ton doudou que tu pâttounais et tétais le soir avant de t'endormir. On avait nos jeux, les bagarres, le réveil du matin. Je me levais plus tôt quand tu pleurais derrière la porte de la chambre quand j'étais avec monsieur C. et tu étais content de m'avoir rien que pour toi même si moi, j'avais un peu une sale tête.

Tu m'as mise en colère en volant des morceaux de pizza, en essayant de manger mes cheveux, en prenant mes pieds pour des proies faciles mais j’étais jamais en colère plus de deux minutes. Tu grognais quand je te donnais à manger parce que tu avais dû avoir faim quand tu étais petit. Tu grognais mais tu me laissais te caresser parce que tu avais confiance. Tu as grandi et est devenu de plus en plus beau. Ta tête était maintenant toute chocolat et tes bouts de pattes on revêtus de grandes chaussettes. On a pris le train plusieurs fois et tu étais très sages. Tu as déménagé avec moi, tu m'a suivis sans bronché. Tu étais indépendant et sauvageons mais l'on se connaissait bien tous les deux et on partageait beaucoup de moments ensemble. Je me rappel toujours de ta tête à moitié cachée derrière le montant de la porte, prêt à me bondir dessus. Sacrée Crapule !

Ninou Chat-Chocolat

Un jour, je t'ai laisser profité du jardin en weekend chez les parents, tu n'as pu te résigner à l'idée à rester de nouveau enfermé. Un grand besoin de liberté, un appel de la nature, la vie, la chasse, le grand air. Tout cela transpirait de toi, on aurait dit un enfant découvrant le monde infini qui l'entourait. Depuis ce jour là, le retour en appartement à été triste. J'ai su qu'il y avait toi et moi, mais qu'il y avait toi, qui avait besoin d'autre chose, alors tu es allé vivre chez les parents. Vivre ta vie ! J'étais un peu triste mais je savais que tu serais heureux et que tu allais retrouver Zouzouille. Ton copain, le chef de la maison avec lequel tu partageais de longues siestes !

Ninou Chat-Chocolat

Un autre jour tu es parti mais tu n'es pas revenu. Maman m'a dit que tu n'étais pas rentré ce soir là, qu'elle avait attendue le lendemain, qu'ils t'avaient appelés fort avec Papa plusieurs fois mais que tu n'étais toujours pas de retour … alors elle m'a prévenu. J'ai espéré que tu te sois trouvé une copine, ou que tu sois parti chasser l'autruche dans la savane et que ça prenais du temps pour revenir mais ce n'était quand même pas normal. Maman était inquiète tout comme moi, elle a menée son enquête sur place parce que je n'étais pas là.

Ninou Chat-Chocolat

Les humains ont mentis … parce qu'ils n'étaient pas fier d'eux. Tu avais pourtant une puce électronique et ton pelage si unique dans le quartier mon Chat-Chocolat. Qui n'aurait pas pu t'identifier ? Que t'était-il arrivé ? Puis ils ont parlé, voyant notre tristesse, ils t'ont jeté, après t'avoir trouvé sur le bord de la route, ton dernier souffle envolé. Depuis combien de temps étais-tu resté là avant qu'ils te trouvent ? Ils t'ont jeté, sans penser que nous te pleurions. Jeter comme si tu étais un débris qui encombrait le chemin qui dérangeait. Ils t'ont jeté dans une fausse communale, "Ils t'ont jeté putain !" je me suis longtemps répété cette même phrase comme pour comprendre comment cela à t-il pu être possible ? Quand on a voulu récupérer ton petit corps sans vie pour l'entourer d'amour une dernière fois, ils nous ont dit que "ce n'était pas possible, que la fausse n'était pas accessible et que tu avais surement déjà été enlevé par les renards qui traînaient". Ça m'a glacer le sang ! J'ai du arrêter de respirer plusieurs secondes je crois, je ne m'en rappel plus bien !

Oh mon Ninou, ma Crapule, je t'ai pleuré. Je savais que plus jamais, je ne mettrais mes doigts dans ta fourrure épaisse, que je sentirais ton odeur d'air frais et chaud à la fois. Comment avaient-ils pu m'empêcher de te dire au revoir, de te serrer une dernière fois tout contre moi ? Tu as été mon chemin, ma force d'aller plus loin, mon ouverture d'esprit celui qui m'a appris que des comme toi … il y en avait pleins dans les rues et qu'ils n'avaient pour certains, même pas eu la chance de connaître le bonheur. Tu as été mon guide, cette petite flamme qui vit aujourd'hui en moi, qui m'a fait comprendre qu'une vie est une vie, animale ou humaine, qu'elle est tout aussi respectable et qu'on ne peut pas tout cautionner. MERCI mon amour de Chat-Chocolat de m'avoir tant appris en si peut de temps et de m'avoir accompagné un court instant. Rien n'est hasard et il a fallu que nos vies s'entre-croisent.

Merci de m'avoir fait un clin d’œil il y a peu de temps, pour me dire que tu vas bien, là ou tu es, ça m'a rendue si heureuse. J'ai souri ! Je ne suis plus en colère, parce que cela ne sert à rien

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